STAYER FR PALMARES ETRANGERS & INTERNATIONAUX

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CHAMPIONNAT DU MONDE DE DEMI-FOND PROFESSIONNELS 1937

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Walter Lohmann

 

Ce championnat du Monde  1937 absolument épique  synthétise à lui seul toutes les vertus et toutes les tares de la spécialité : une intensité maximale, des démonstrations de courage  confinant à l'héroïsme, une  dimension tactique exacerbée, et une dramaturgie comme seul le demi-fond peut en délivrer ... avec en poisseuse toile de fond le déploiement de ruses suspectes, l'impudente transgression des règles, et le cynisme affiché des vainqueurs ...

 

Depuis une décennie, le demi-fond avait pris le mauvais chemin de la combine, au fil d'éditions au déroulement louche. La spécilaité devenait une sorte de champ clos où se délivraient  des coups fourrés toujours impunis, ourdis par une sorte de coterie aux rites hypocrites murée dans l'omerta, dont les transgressions toujours plus dénoncées avec indignation au gré de coalitions trop voyantes débouchaient sur de flagrants dénis sportifs.

 

L'indiscutable dimension athlétique de l'édition 1937 va prolonger pourtant une année encore l'illusion sportive d'une spécialité devenue trop sulfureuse. 

 

Mais une année plus tard, au gré d'une course  scandaleuse de plus,  le demi-fond sera tout près du gouffre ...

 

Ce sera une autre histoire.

 

 

CHAMPIONNAT DU MONDE DE DEMI-FOND PROFESSIONNELS

100 km derrière motocyclettes (rouleau à 0.60 m puis 0.70 m) 

Copenhague - vélodrome Ordrup

Mardi 24 (Qualifications) et Jeudi 26 Août (Finale)

 

 

Six concurrents par série. Les trois premiers qualifiés pour la finale. 540 tours de piste au programme pour les concurrents

 

Quatorze concurrents engagés; 8 nations 12 partants de 7 nations (liste publiée le 23 août)

Forfaits : Josy Kraus (Luxembourg), Hans Gilgen (Suisse) , non remplacés ; Georges Ronsse - malade -remplacé par Willy Michaux (Belgique).

 

Première série

  1. Eduardo Severgnini (ITA) - entr. Arthur Pasquier (FRA) - les 100 km en  1h 28'30"
  2. Adolf Schoen (ALL)- entr. Juup Merkens (ALL) - à 10 m
  3. Georges Wambst (FRA) - entr. Henri Lallier (FRA) – à 300 m
  4. Willy Michaux (BEL) - entr. Emile Van Den Bosch (BEL) - à 2 t
  5. Piet Van  Kempen (P-B) - entr. Frits Wiersma (P-B) - à 7 t

N.C : Turel Vanzenried (CH) - entr. Maurice Jubi (FRA); ab. au 75 ème km

La course : Elle se résume aux attaques de Schoen sur Severgnini, et aux incidents mécaniques affectant la motocyclette de l'entraîneur de Van Kempen,

ce dernier perdant cinq tours sur l'incident et par là même toute chance de jouer un rôle dans la course.

 

Deuxième série

  1. Walter Lohmann (ALL) - entr. Arnulf Meinhold (ALL) - les 100 km en 1h 31'15" 
  2. Ernest Terreau (FRA)- entr. Alphonse Groslimond (CH) - à 20 m
  3. Auguste Meuleman (BEL) - entr. Victor Philippe  (FRA) – à 200 m
  4. Harry Grant (G-B) - entr. Albert Käser (ALL) - à 230 m
  5. J.J. Snoek (P-B) - entr. ..? .. ? - à 1 t
  6. Alfredo Bovet (ITA) - entr. Remo Bertoni (ITA) - à 3 t

La course : le Britannique Harry Grant, ardent et solide, a visiblement été désservi par son entraîneur,

ou victime d'une conjuration d' adversaires peu inclinés à le voir disputer la finale ...

L'aisance du racé Lohmann, parti en dernière position,  a par ailleurs frappé tous les observateurs

 

 

 Petite Finale

 

  1. Turel Vanzenried (CH)   - entr. Maurice Jubi (FRA) -  les 25 km en 21' 4'' 4/5
  2. Harrry Grant (G-B) - entr. -     à    50 mètres
  3. Joop J. Snoek   (P-B) - entr.  -  à  150 mètres
  4. Alfredo Bovet  (ITA) - entr. - à   300 mètres

 

 

FINALE - Jeudi 26 Août, aux environs de 20 heures

Les qualifications, courues avec le rouleau à 0.60 m ayant été jugées dangereuses, il est décidé que la finale sera disputée avec le rouleau à 0.70 m,

ceci compte tenu des virages insuffisamment relevés de la piste d'Ordrup ne permettant pas des dépassements sécures.

  1. Walter Lohmann (ALL - Bochum) - entr. Arnulf Meinhold (ALL) p - les 100 km en 1 h 35' 25" 
  2. Ernest  Terreau (FRA) -  entr. Alphonse Groslimond  (CH) - à 100 m..
  3. Adolf Schoen (ALL - Wiesbaden) - entr. Juup Merkens (ALL) – à 180 m
  4. Eduardo Severgnini (ITA) - entr. Arthur Pasquier (FRA) - à 1 t et 80 m
  5. Auguste Meuleman (BEL) - entr. Victor Philippe (FRA) - à 1 t et 150 m
  6. Georges Wambst (FRA) - entr. Henri Lallier (FRA° -  à 3 t

La courseLes deux Français partent en première position, Georges Wambst en numéro un, Ernest Terreau en numéro deux.

Derrière eux sur la ligne de départ dans l'ordre Lohmann, Schoen, Meuleman et Severgnini.

 

Dès le départ, Walter Lohmann se laisse ostensiblement décoller afin de freiner délibérément la course,

alors que Schoen de son côté harcèle immédiatement Terreau par de furieuses attaques.Les assauts fusent

et avant le  trentième kilomètre, Schoen, dans son style désordonné, a déjà attaqué Terreau trois fois.

Au quatre-vingtième tour, le stayer allemand engage un vigoureux  assaut de plus, qui se révèlera infructueux

après trois tours de coude-à-coude.

 

Au cinquantième kilomètre, les positions sont les suivantes : en tête Wambst; à cent mètres Terreau;

Schoen à deux cents mètres, Lohmann à trois cents. Meuleman à 320 mètres, Servignini fermant la marche à 350 mètres.

 

Au 52ème kilomètre, Wambst puis Terreau doublent Severgnini, immédiatement "filés" par Lohmann.

Plus loin, alors que Schoen bute sur Severgnini, Lohmman vient à bout de Meuleman après trois tours de lutte.

 

Au 70ème kilomètre, la course devient haletante : Lohmann "pousse" Wambst et Terreau sur Schoen, 

qui résiste dès lors furieusement aux deux Français. La manoeuvre est limpide, les Allemands sont évidemment de mèche.

 

Deux kilomètres plus loin Lohmann, dans un long sprint, passe un Terreau littéralement pris en sandwich entre les deux Allemands.

Pendant deux tours entiers il résistera pourtant au rush de son adversaire en tapant même à plusieurs reprises

au paroxysme de l'effort  le rouleau de la moto de son entraîneur.

 

82ème kilomètre : Schoen, qui  a passé un Wambst en perte de vitesse, que sa blessure à la selle indispose à l'évidence de plus en plus,

vient buter maintenant sur Terreau. La mâchoire de l'étau germanique achève de se refermer sur le Français.

 

Quatre tours plus loin l'infatigable Schoen renouvelle son assaut, de ses violents coups de butoir si peu orthodoxes,

lancés toujours loin du rouleau de son entraîneur.

Sa dépense d'énergie est phénoménale mais reste vaine, et pendant les trois tours que durera ce bras de fer le public manifeste ses encouragements au Français pour sa formidable résistance victorieuse. 

 

Mais au quatre-vingt dixième kilomètre, au terme d'un ultime assaut, Schoen arrive pourtant à arracher la seconde place au stayer morvandiau,  alors que Wambst perd désormais tour sur tour.

 

On pense dès lors la course faite. Mais à quatre tours de la fin, Ernest Terreau effectue une sensationnelle poussée et arrive à reprendre à l'arraché la seconde position à Schoen.

 

A la  cloche  Lohmann effectue un sprint fantastique pour garantir sa première place.

Walter Lohmann, dont le style n'est pas sans rappeler celui de son élégant compatriote Moeller, remporte là son premier titre de champion du Monde des stayers.

 

Pendant le protocole une minute de silence est observée en mémoire d'André Raynaud, le champion du Monde sortant, tragiquement décédé.

Ernest Terreau aura été absolument héroïque. Rentré dans sa cabine après la course, il devra sortir accomplir un tour d'honneur afin de satisfaire au public.

 

La course de Lohmann, pratiquement jamais attaqué, et qui a utilisé un développement de 31 x  (9 m 57)  aura été indiscutablement favorisée par celle du tonitruant Schoen, qui a littéralement épuisé Terreau en l'harcelant continuellement.

On ne pourra que déplorer la défaillance - hélas prévisible - de Georges Wambst, dont la blessure à la selle s'est ré-ouverte pendant la course,  et enfin l'effonderment de Severgnini, l'un des favoris, qui a visiblement été handicapé par le rouleau placé à 0.70m.

 

Les observateurs s'accorderont à dire que le titre aurait dû revenir à Schoen - révélation de l'épreuve - , 

dont l'abattage monstrueux aura été impressionnant,  ou à "Nénesse" Terreau, au rendement et à l'endurance équivalents. 

 

La prestation d'Ernest Terreau, vaillant au possible et acteur d'une lutte absolument homérique avec Schoen, aurait mérité d'autres développements,

tant il aura exposé son talent de stayer de classe mondiale.  Hélas, jamais plus le champion français il ne trouvera l'occasion de disputer un autre championnat du Monde.

 

" Le travail de Lohmann a été facile : Schoen lui a mâché la besogne ! Dans ces conditions il n'a eu aucune peine à être champion du Monde !

J'aurais bien aimé courir dans les mêmes conditions ! " déclarera-t-il une fois sa course héroïque accomplie, le visage encore noirci par la transpiration, les projections d'huile et les poussières de caoutchouc des pneus de la moto de son entraîneur Groslimond.  

 

 

Walter Lohmann, âgé de vingt-six ans, qui s'était révélé deux années auparavant lors du championnat du Monde de Bruxelles, est pourtant un champion du Monde à la valeur indiscutable, même si sa victoire s'inscrit dans la tradition - très discutable elle - des stayers allemands, pratiquant ouvertement [ et sur commande sous les yeux de Walter Sawall veillant au respect des consignes dispensées en haut-lieu] l'esprit national, pourtant rigoureusement interdit par les règlements, mais pratiqué impudemment depuis bientôt une décennie.

 

Sources :  Cyclosport; l'Auto; Le Miroir des Sports; Ce soir; L'Intransigeant; Paris Soir.

 


 

 

Etude réalisée par Patrick Police  et François Bonnin pour le site STAYER FR

 Toute reproduction – partielle ou non – de ce travail  devra faire l’objet d’une demande spécifique auprès de STAYER FR



19/08/2019
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